Le monde arabe en crise
Les Etats du Moyen-Orient, souvent de type autoritaire, vivent actuellement une crise sans précédent.
Le 17 décembre 2010, Mohammed Bouazizi, marchand ambulant à Sidi-Bouzid, s'immole devant le siège du gouvernorat suite à sa confiscation de marchandises par les autorités. De nombreux Tunisiens, frustrés par le coût élevé de la vie, le taux de chômage, l'autoritarisme du régime, suivent son exemple et se suicident par le feu. Les premières manifestations anti-gouvernementales débutent à Sidi-Bouzid puis s'étendent rapidement au reste du pays. Les affrontements avec la police se durcissent, provoquant la mort de plusieurs personnes. Dans le nuit du 14 janvier, le président Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, quitte le pays en compagnie de sa femme et d'1.5 tonne d'or volée aux réserves tunisiennes. Le 17 janvier, un gouvernement de transition est constitué avec à sa tête Mohammed Ghannouchi, un membre du RCD (parti présidentiel). Une des premières mesures de ce gouvernement est l'émission d'un mandat d'arrêt international envers l'ex-dictateur, son épouse et le clan Ben Ali-Trabelsi, accusé de "clan quasi-mafieux" par les observateurs américains. Toutefois, le peuple réclame la démission de ce gouvernement, comportant encore de nombreux alliés de Ben Ali. Il obtient gain de cause le 27. Un remaniement ministériel épure le gouvernement des caciques de l'ancien régime. Une vie normale semble reprendre son cours en Tunisie, malgré quelques protestataires exigeant le départ de Ghannouchi, à la tête de l'Etat, rapidement dispersés par les forces de l'ordre.
La "révolution de Jasmin" semble avoir de vastes répercussions sur l'ensemble du monde arabe. Quelques jours après les premières manifestations tunisiennes, l'Algérie de Bouteflika se soulève à son tour, mais les contestations sont brutalement réprimées par les autorités. D'autres pays, comme la Jordanie et la Syrie, commencent à contester le pouvoir, mais c'est surtout en Egypte que l'effet domino parti de Tunisie est le plus flagrant.
Le 25 janvier, une "journée de la colère" est annoncée par les Frères Musulmans, parti islamiste de l'opposition, déclenchant quelques manifestations au Caire. Mais c'est surtout le 28, après la prière, que le mouvement se renforce véritablement. Ce "vendredi de la colère" se manifeste dans toutes les grandes villes égyptiennes. L'ampleur des combats entre policiers et manifestants est historique dans le pays. Au soir de cette violente journée, le président Moubarak annonce un nouveau gouvernement et appelle à la paix. Les contestations se poursuivent cependant pendant tout le week-end, provoquant le rapatriement de milliers de touristes et d'expatriés occidentaux et la fermeture temporaire de nombreuses entreprises. La sécurité dans le pays s'est considérablement dégradée, malgré le couvre-feu, non respecté par les manifestants, et des comités populaires, aidés par l'armée, protègent les monuments publics, tel que le Musée archéologique du Caire, des pillards rôdant en ville.
L'attitude de la France par rapport à ces évènements est assez contradictoire. Dans un premier temps, Michelle Alliot-Marie propose à Ben Ali de "partager le savoir-faire français". Cette déclaration déclenche la ire des partis français, et notamment du PS. Ce dernier appelle notamment à ne plus commettre une telle erreur de jugement et demande à un "dialogue avec l'opposition" en Egypte.
Le Dieu Fou
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